01 novembre 2025

François AUDEVARD, le 1er nom de la liste


Au printemps 2020, j'ai proposé à mon ancien employeur (Geneanet) de créer et de contribuer à un projet collaboratif autour du Massacre de Maillé. 

Le jour de la libération de Paris, le 25 août 1944, Maillé, un village de Touraine, a subi l'assaut d'Allemands qui l'ont encerclé et qui ont méthodiquement tué tout ce qu'ils ont croisé : des enfants, des adultes, des vieillards, des animaux domestiques, du bétail... Ils ont incendié les bâtiments et certains corps. Le massacre de Maillé n'est pas aussi connu que celui d'Oradour-sur-Glane, mais il est le 2è massacre le plus meurtrier en France. Les autorités ont choisi de reconstruire le village. Celui d'Oradour est resté intact, mais celui de Maillé a été repensé et modernisé. Il ne reste plus aucun stigmate. Pourtant 124 personnes, de 3 mois à 89 ans, y sont mortes dans d'horribles circonstances. 

L'idée de ce projet n'était pas de se limiter à la recherche des ancêtres de ces morts, mais bien d'essayer d'établir la liste des personnes présentes, ou absentes, qui ont été touchées de proche ou de loin par cette tragédie. Certaines étaient là de passage. D'autres s'y étaient réfugiées pour fuir des bombardements par exemple. D'autres encore étaient ailleurs et sont rentrées après le drame, découvrant qu'elles avaient tout perdu, y compris leur famille.

La reconstruction du village puis l'absence de témoignages a rendu ce fait historique invisible. Depuis les années 2000, des efforts ont été faits pour raviver la mémoire, recueillir des témoignages et permettre à tous d'y avoir accès. 

Dans la liste alphabétique des 124 victimes du massacre, relue à haute voix chaque 25 août lors de la commémoration locale, le 1er nom est celui de François AUDEVARD.


François AUDEVARD.
Crédit photo : La Maison du Souvenir

Cet homme natif de la Haute-Vienne était marié avec une fille de Maillé depuis 1925. Ensemble, ils ont eu 3 enfants : France en 1926, Jeannine en 1930 et Jean en 1934. La famille a habité Maillé, puis Nouâtre, la commune voisine. 

Le matin du 25 août 1944, François a entendu des coups de feu et s'est inquiété pour sa fille ainée, France, 18 ans, partie travailler à Maillé. Il alla pour la chercher. Selon les différents témoignages, il fut autorisé par les Allemands à entrer dans Maillé. Il y rencontra le sabotier, René DAUMAIN, lui conseilla de rentrer chez lui. François resta à la saboterie, où il fut tué. 

Par chance, France AUDEVARD ne fut pas touchée par les tirs qui l'ont visée et elle survécut à cette terrible journée, ainsi que le reste de sa famille. René DAUMAIN a écouté le conseil de François AUDEVARD : il est rentré chez lui, où il ne fut pas tué. Sur sa route, il croisa la famille ARNAULT et leur dit de rentrer chez eux. Ils ne furent pas tués.

François AUDEVARD avait 41 ans et n'a eu pour seul tort que d'avoir peur pour sa fille.

Pour reconstituer son arbre familial, j'ai interrogé les sites des archives départementales (Haute-Vienne et Indre-et-Loire) pour consulter les registres d'état civil et des recensements. L'Association pour le Souvenir de Maillé a aussi apporté son aide. Une généalogiste bénévole est allée à Caen pour consulter les archives du Service Historique de la Défense et une autre est allée aux Archives d'Indre-et-Loire pour consulter le Fichier des personnes massacrées, procès-verbaux de gendarmerie, correspondance. (AD 37 cote 66W2).

François AUDEVARD fut inhumé le 27 août 1944 dans la fosse commune de Maillé, puis dans une sépulture individuelle à Nouâtre. Il obtint la mention Mort pour la France. 

A Maillé, vous pouvez visiter la Maison du Souvenir qui est consacrée à cette journée, ainsi qu'à la reconstruction du village.

Sur le site du projet, vous y trouverez des bouts d'histoires individuelles. Et si vous avez envie de contribuer (écriture de notices individuelles ou recherches), vous pouvez vous signaler.

Lien vers le projet Maillé 1944

Lien vers le site de la Maison du Souvenir

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