J'ai profité de ce challenge AZ pour vous parler, dès le premier jour, du massacre de Maillé. 124 personnes ont été tuées le 24 août 1944 dans ce village de Touraine. Le projet était d'en exterminer bien davantage. Je vous ai présenté la vie de François AUDEVARD, qui a été assassiné ce jour-là, et celle de Roger CONFOLENT, qui a survécu, mais qui a tout perdu. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'après et du positif qui a jailli dans le village après la catastrophe.
Quand on s'intéresse à ce que les Maillaciens (habitants de Maillé) ont vécu après le drame, on découvre une belle histoire. Bien sûr, il y a eu le moment de la découverte des exactions, le temps nécessaire de regroupement des corps et de la constitution de la fosse commune. Il a fallu éteindre les incendies et nettoyer ce qui pouvait/devait l'être. Mais je vais m'intéresser à l'humain. Au beau. Au généreux. A la générosité.
Tout de suite après le départ des Allemands, la préfecture d'Indre-et-Loire, le Secours national et la Croix Rouge se mobilisent pour organiser l'entraide. Du matériel afflue à Maillé. La sous-préfecture de Chinon lance une souscription auprès de 57 communes donnent plus d'un demi million de francs. Certaines d'entre elles donne du linge et du mobilier. Des écoles et des lycées tourangeaux parrainent des enfants, leur finançant des frais d'internat ou de scolarité. Des particuliers émus par la tuerie et la destruction du village viennent offrir leur aide. Au-delà de l'aide organisée par les village alentour, c'est l'Afrique équatoriale française qui offrent une aide au village de Maillé et à sa population survivante - le village comptait environ 600 habitants avant guerre. D'ailleurs, les classes de l'école de Maillé, reconstruites, portent chacune le nom d'une ville lointaine ayant apporté leur soutien, comme Brazzaville, Bangui, Dolisie et Pointe-Noire.
Le maire de Sainte-Maure-de-Touraine est aussi conseiller général. Marc DESACHÉ a activé son réseau relationnel pour venir en aide au village de Maillé. Il parvient à contacter un couple de milliardaires francophiles. Kathleen et Girard HALE n'ont pas d'enfant. Ils adoptent alors le village martyr. En juin 1946, les Californiens offrent à sa population 6 tonnes de linge, chaussures, tissu, vaisselle, mobilier. La commune peut ainsi profiter de leurs dons pour se rééquiper, avec des chaises, des tables, des armoires, des machines à écrire et bientôt le premier tracteur.
| Le couple HALE, ainsi que Jean ROYER (futur maire de Tours), à Maillé. Crédit Photo : Archives départementales, portail Collections de Touraine, Fonds Jean CHAUVIN |
Chaque Noël le couple offre un cadeau à chaque enfant du village. Ils ont emmené les petits Maillaciens à Paris, en 1949. Sans l'intervention de ce couple, la reconstruction des survivants du massacre n'aurait sans doute pas été la même.
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| La famille GANDAR posant devant les dons du couple HALE après la Guerre. Crédit photo : La Maison du Souvenir |
Avant Maillé, ils avaient déjà un sacré parcours. Voici ce qu'a publié la Renaissance Lochoise (hebdo local) à leur sujet :
Kathleen Burke, fille d'une famille irlando-anglaise, suffragette militante et célibataire, s'engage à 27 ans dans la Première Guerre mondiale. C'est la première femme à entrer à Verdun en juillet 1916. Alors que les sous-marins allemands dominent les mers, elle traverse 18 fois l'Atlantique pour récolter des fonds. Elle sera surnommée "Angel of France" et sera décorée par de nombreux pays. Girard Van-Bakarloo Hale, fils de bonne famille américaine, s'engage dès 1916 dans une organisation humanitaire chargée d'aller récupérer les blessés près des lignes de front. Marié en 1930, le couple s'engage dans la Seconde Guerre mondiale et participe, au côté d'Anne Morgan, à l'évacuation des réfugiés belges et français lors de l'exode de mai-juin 1940.
Sources :
Maison du Souvenir de Maillé - Dossier pédagogique

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