13 novembre 2025

Lebensborn - roman graphique

Ma fille de 12 ans a emprunté ce livre à la bibliothèque parce que la couverture est jolie. Quand j'ai vu son choix, et que j'ai lu le titre, je dois bien avoué que je suis restée un moment en suspens. 

Je sais ce qu'est un Lebensborn ("fontaine de vie" en allemand). Ma gamine lisait plutôt des romans mettant en scène des chatons qui jouent avec des pelotes de laine jusque là... Mais je n'ai pas censuré. J'ai fait confiance.

Lebensborn, d'Isabelle MAROGER, c'est un roman graphique puissant et fort bien documenté. Et elle sait de quoi elle parle. Sa grand-mère norvégienne a accouché dans une maternité nazie qui remplissait la mission de produire des petits Aryens. Si vous ne savez pas ce qu'était un lebensborn, c'était un projet ambitieux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands étaient encouragés à mettre enceintes les femmes aryennes et de les diriger ensuite vers des cliniques spécialisées. Ceux qui réussissaient percevaient une prime. L'aïeule de la romancière a donc rencontré un soldat, est tombée amoureuse puis enceinte, et s'est rendue dans une maternité pour accoucher d'une petite fille. 

Dans ce livre, le lecteur suit le parcours de la descendante qui va rencontrer son grand-père biologique en Allemagne, ancien SS. Elle espère découvrir sa famille inconnue. Et le lecteur va comprendre que le père de l'autrice est issu d'une famille de Résistants. 

En tant que généalogiste, j'ai adoré ce dessin, accompagné de ce texte : 

Avoir retrouvé nos racines norvégiennes, rencontré ma famille... C'est comme avoir retrouvé quelques pièces de puzzle manquantes à mon identité, et surtout à mon coeur.

De son côté, ma mère s'est beaucoup apaisée depuis qu'elle connait son histoire. 

Cette histoire qui blesse mais qu'on regarde bien en face aujourd'hui.


Ma fille a découvert l'existence des Lebensborns. Moi j'ai découvert qu'il y en avait eu aussi en France. Nous avons beaucoup aimé lire ce livre.


Lebensborn, Isabelle MAROGER, Bayard graphic, 2024

12 novembre 2025

Une kyrielle de noms

Après des années de recherches (bientôt 30 ! ^.^), je me retrouve avec une kyrielle d'ancêtres et d'individus plus ou moins reliés à mon ascendance. Forcément, je l'ai bien cherché ! hi hi hi !


A force de collecter des noms et des informations, je suis à la tête d'une collection assez conséquente. Mon intérêt est évidemment de les lier autant que c'est possible. 

En participant ce ChallengeAZ -- que je consacre à des êtres avec lesquels je n'ai aucune parenté -- j'ai dû me rendre à l'évidence : il n'est pas plus aisé de faire le récit de ce qui n'est pas lié à mon ascendance !

La bonne nouvelle c'est que j'adore chercher, donc je continue mon parcours pour savoir ce que chacun a vécu, dans quel contexte, dans quelles conditions matérielles... 

Tous les chemins mènent à la généalogie pour qui est un peu curieux je crois.

11 novembre 2025

Je commémore

Aujourd'hui, la France commémore l'Armistice de 1918, mais surtout les combattants tombés lors des conflits. Je n'ai pas rédigé de billet ce jour, mais je suis allée dans ma commune pour contribuer à l'hommage national.



10 novembre 2025

Ils ne sont pas morts pour la France, et pourtant !

J'ai vécu quelques années en Moselle. Mes repères tourangeaux y ont été parfois perturbés. La langue y est particulière, tout comme l'histoire locale. Et mon oeil curieux de généalogiste a pu y découvrir une mention spéciale sur les monuments aux morts.

Avant de vous dire laquelle, je vous rappelle un bout de l'histoire récente de la Moselle. Je précise bien "récente" parce que depuis plusieurs siècles, la Moselle a été une partie du Saint-Empire romain germanique, puis du royaume de France. A l'issue de la guerre de 1870, la France est défaite et cède l'Alsace et la Moselle au nouvel empire germanique en 1871. Les populations doivent s'adapter. Des lois coexistent puis une entité à part entière naît et s'installe. En 1911, une constitution voit le jour, et un drapeau est proposé en 1912, permettant à l'Alsace-Moselle de figurer comme les autres régions. Il est rouge en haut et blanc en bas, et porte une croix de Lorraine jaune. L'empereur Guillaume II ne valide pas ce drapeau, mais ce territoire contribue aussi aux combats de la guerre de 1914-1918. Cette fois, c'est l'Allemagne qui est défaite. L'Alsace et la Moselle sont réintégrées au territoire français après 44 ans de séparation.

La France entend faire le ménage, exclut la population originaire d'Allemagne, celle qui est Française mais qui a oeuvré dans l'intérêt de l'Empire, les enfants de familles "mixtes", etc. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont expulsées.

Les lois y sont parfois différentes, puisque celles qui ont évolué en France entre 1871 et 1919 n'y ont pas été appliquées. Notamment celle de 1905 séparant les Églises et l'État. Dans les années 1920, certains tentent d'imposer à ce territoire particulier l'application de toutes les lois de la France pour garantir une continuité de territoire, mais d'autres revendiquent la particularité de cette bande de terrain du fait de son histoire commune. Un compromis est trouvé, c'est un droit local.

Les élus d'Alsace-Moselle revendiquent fort les avantages acquis de la période impériale (sécurité sociale, régime des cultes, jours fériés...) et ne souhaitent pas que la population les perde. Les autorités françaises veulent surtout un apaisement et concèdent que le droit local perdure.

Mais revenons à nos mentions... je voulais parler de monuments aux morts. Et alors ? 

Alors, quand une région française souhaite ériger un monument à la mémoire des enfants du pays qui sont morts en défendant leur drapeau national, on grave "aux morts pour la France" dans la pierre, sous l'effigie du Poilu. Mais quand une terre annexée, puis redevenue française veut rendre hommage aux enfants morts au combat, vers quelle nation se tourner ? Et qui garantit que ce monument restera français ? La mention généralement retenue, et que je trouve moi aussi universelle, est "à nos morts" et aucun soldat ne figure sur le monument. On préfère généralement une statue féminine ou une allégorie différente. Voire pas de statue du tout, juste une stèle commémorative avec ces 3 mots. A nos morts. Et quelle complexité pour les maires actuels qui doivent lire un texte du ministre des Armées le 11 novembre, à la gloire des Poilus ayant défendu la France, devant un monument qui veut rendre hommage à des morts qui portaient un uniforme de l'ancienne armée ennemie.

Metz - Aux morts de la guerre


Rémilly - A ses victimes des deux guerres mondiales

Distroff - A ses enfants victimes des guerres

08 novembre 2025

Les HALE, bienfaiteurs

J'ai profité de ce challenge AZ pour vous parler, dès le premier jour, du massacre de Maillé. 124 personnes ont été tuées le 24 août 1944 dans ce village de Touraine. Le projet était d'en exterminer bien davantage. Je vous ai présenté la vie de François AUDEVARD, qui a été assassiné ce jour-là, et celle de Roger CONFOLENT, qui a survécu, mais qui a tout perdu. Aujourd'hui, je vais vous parler de l'après et du positif qui a jailli dans le village après la catastrophe.

Quand on s'intéresse à ce que les Maillaciens (habitants de Maillé) ont vécu après le drame, on découvre une belle histoire. Bien sûr, il y a eu le moment de la découverte des exactions, le temps nécessaire de regroupement des corps et de la constitution de la fosse commune. Il a fallu éteindre les incendies et nettoyer ce qui pouvait/devait l'être. Mais je vais m'intéresser à l'humain. Au beau. Au généreux. A la générosité.

Tout de suite après le départ des Allemands, la préfecture d'Indre-et-Loire, le Secours national et la Croix Rouge se mobilisent pour organiser l'entraide. Du matériel afflue à Maillé. La sous-préfecture de Chinon lance une souscription auprès de 57 communes donnent plus d'un demi million de francs. Certaines d'entre elles donne du linge et du mobilier. Des écoles et des lycées tourangeaux parrainent des enfants, leur finançant des frais d'internat ou de scolarité. Des particuliers émus par la tuerie et la destruction du village viennent offrir leur aide. Au-delà de l'aide organisée par les village alentour, c'est l'Afrique équatoriale française qui offrent une aide au village de Maillé et à sa population survivante - le village comptait environ 600 habitants avant guerre. D'ailleurs, les classes de l'école de Maillé, reconstruites, portent chacune le nom d'une ville lointaine ayant apporté leur soutien, comme Brazzaville, Bangui, Dolisie et Pointe-Noire.

Le maire de Sainte-Maure-de-Touraine est aussi conseiller général. Marc DESACHÉ a activé son réseau relationnel pour venir en aide au village de Maillé. Il parvient à contacter un couple de milliardaires francophiles. Kathleen et Girard HALE n'ont pas d'enfant. Ils adoptent alors le village martyr. En juin 1946, les Californiens offrent à sa population 6 tonnes de linge, chaussures, tissu, vaisselle, mobilier. La commune peut ainsi profiter de leurs dons pour se rééquiper, avec des chaises, des tables, des armoires, des machines à écrire et bientôt le premier tracteur. 

Le couple HALE, ainsi que Jean ROYER (futur maire de Tours), à Maillé. 
Crédit Photo : Archives départementales, portail Collections de Touraine, Fonds Jean CHAUVIN 

Chaque Noël le couple offre un cadeau à chaque enfant du village. Ils ont emmené les petits Maillaciens à Paris, en 1949. Sans l'intervention de ce couple, la reconstruction des survivants du massacre n'aurait sans doute pas été la même.

La famille GANDAR posant devant les dons du couple HALE après la Guerre.
Crédit photo : La Maison du Souvenir

Ces bienfaiteurs obtiennent la distinction d'officier de la Légion d'honneur et décèdent à quelques semaines d'intervalle en 1958, à New-York.

Avant Maillé, ils avaient déjà un sacré parcours. Voici ce qu'a publié la Renaissance Lochoise (hebdo local) à leur sujet : 

Kathleen Burke, fille d'une famille irlando-anglaise, suffragette militante et célibataire, s'engage à 27 ans dans la Première Guerre mondiale. C'est la première femme à entrer à Verdun en juillet 1916. Alors que les sous-marins allemands dominent les mers, elle traverse 18 fois l'Atlantique pour récolter des fonds. Elle sera surnommée "Angel of France" et sera décorée par de nombreux pays. Girard Van-Bakarloo Hale, fils de bonne famille américaine, s'engage dès 1916 dans une organisation humanitaire chargée d'aller récupérer les blessés près des lignes de front. Marié en 1930, le couple s'engage dans la Seconde Guerre mondiale et participe, au côté d'Anne Morgan, à l'évacuation des réfugiés belges et français lors de l'exode de mai-juin 1940.


Sources : 

Maison du Souvenir de Maillé - Dossier pédagogique 




07 novembre 2025

Georgette GAGNEUX, championne de France à 16 ans, morte à 23

C'est l'histoire de Georgette GAGNEUX, jeune fille née d'un agent d'assurance essonnien et d'une parisienne, mariés en 1899 à Paris, ils s'installent ensuite à Etampes, en Essonne. Avant Georgette, le couple a accueilli 3 autres filles, Hélène en 1900, Germaine en 1901, Antoinette en 1904. Georgette est née en 1907. Enfin, Georges les rejoindra en 1909. Enfin non, pas vraiment, puisque Hélène n'a vécu que 10 jours et Antoinette est décédée à l'âge de 28 jours. 

Georgette s'est illustrée dans le sport. Adolescente, elle participe à différentes compétitions et s'illustre dans différentes épreuves d'athlétisme : saut en hauteur, saut en longueur, lancer de poids, course à pied... Elle participe au championnat de France d'athlétisme le 15 juillet 1923, à Bourges. Elle court 80 mètres en 10s6, ce qui fait d'elle la championne de France de la discipline, à seulement 16 ans !

La Française Georgette GAGNEUX remporte la 5e série du 100 m féminin en 13,0 secondes.
Jeux Olympiques Amsterdam 1928 - Crédit photo : domaine public

Bien que le nom GAGNEUX soit présent dans mon ascendance, je n'ai pas établi de parenté entre Georgette GAGNEUX et moi. 

Elle décroche 6 titres de championne de France : 
- 1923 (16 ans) : du 80 mètres
- 1925 (18 ans) : du saut en longueur
- 1928 (21 ans) : du saut en longueur
- 1929 (22 ans) : triplé ! du saut en longueur, du lancer de poids et du 80 mètres

Elle participe aux Jeux Olympiques en 1928. Demi-finaliste du 100 m, elle se classe quatrième du relais 4 × 100 m. 

Georgette GAGNEUX est la 1ère Française à franchir 5 mètres en saut en longueur (5,075 m), elle porte le record à 5,41 m en 1929.

Elle établit un nouveau record du monde du relais 4 × 100 m aux côtés de ses coéquipières, dans le temps de 50 secondes.

Elle a également détenu le record de France du lancer du poids (10,78 mètres), du saut en longueur, du 100 m et du relais 4 × 100 m.

Ce palmarès cache la réalité d'une jeune athlète qui s'est épuisée à l'effort. En 1929, elle eut des soucis de santé. Mais la santé des jeunes sportives des années 1920, ce n'est pas vraiment une préoccupation. La performance est belle, mais quand elle décline, on trouvera une autre athlète à pousser. Georgette GAGNEUX n'allait plus très bien. Elle s'est retirée à Chamonix pour profiter de l'air pur des montagnes. Mais cela n'a pas suffit. La tuberculose l'a terrassée à 23 ans. 


06 novembre 2025

Familles du Poitou

J'ai pu profiter parfois du fruit de recherches d'autres généalogistes. A mon tour, j'ai pris part à des travaux collaboratifs, sous différentes formes. J'ai relevé des registres bénévolement, j'ai participé à des arbres collaboratifs (sur Geneanet, chercher Titanic, ou Oradour-sur-Glane), j'ai initié un arbre de grande ampleur (voir Maillé 1944 au même endroit) et participé à plusieurs initiatives par ailleurs. 

En mon fort intérieur, je me dis que si un(e) généalogiste a pu trouver un maillon de sa chaîne dans une de ces bases, c'est plutôt chouette !

Aujourd'hui, je choisis de vous parler de l'arbre Familles du Poitou, ainsi décrit : "Il consiste à recréer toutes les familles à partir de la liste des soldats morts durant la Première Guerre mondiale et des tables de mariage. Il participe au projet "Arbres 14-18" qui vise à reconstituer les familles des morts de la première guerre mondiale."

https://gw.geneanet.org/famillesdupoitou

Il me semble qu'il existe un modèle similaire pour différentes régions. Je connais aussi celui de la Touraine.

Je ne démultiplie pas les efforts, mais vu que j'ai besoin de ma dose de recherches quotidienne, alors autant que ça profite à d'autres ! Et je profite aussi de ma spécialisation (patronyme DADU, voir précédemment, et recherches très localisées grace à des origines très géo-concentrées) pour alimenter quelques bases.

Evidemment, je rêve d'un arbre généalogique universel, mais chacun a sa vérité et il serait difficile de tout normer au point d'avoir un arbre unique au monde.

Donc, Familles du Poitou, c'est une base dans laquelle chacun peut contribuer à sa façon et la hauteur de son envie/de ses moyens.

05 novembre 2025

Enigme autour du décès de Madeleine MASSÉ

 Et si je profitais de ce Challenge AZ pour faire avancer mes recherches ?

Je vous explique ce que je cherche, cela concerne Madeleine MASSÉ veuve BRUNET, c'était la grand-mère paternelle du grand-père maternel de mon mari. Elle a survécu à son mari, mais je ne parviens pas à trouver son décès à elle, a priori dans le département de l'Indre. Je vous raconte sa vie, et ensuite je vous propose mes hypothèses pour voir si vous pouvez m'éclairer.

Madeleine est née à Mérigny (Indre) le 3 avril 1839, dans une famille qui a déjà 5 enfants à ce que j'en sais. Son père meurt quand elle a 5 mois. 

Elle se marie à Mérigny le 15 juillet 1861, à l'âge de 22 ans, avec Joseph BRUNET. Lui a 21,5 ans, il habite aussi à Mérigny, où il est domestique. Il vient d'Antigny, un village de la Vienne, mais qui n'est pas bien loin, environ 15km. Je leur connais 7 enfants, tous nés entre 1863 et 1879. La famille vit à Mérigny. Deux des filles se marient (en 1885 et 1889). Un fils meurt en Algérie (en 1891). La famille s'installe à Ingrandes (Indre). Un fils se marie en 1892. Madeleine et Joseph deviennent grands-parents en 1893, ils ont respectivement 54 et 53 ans. Ils vont avoir 7 petits-enfants en 5 ans. Mais Joseph ne va pas en profiter longtemps. Il meurt en juin 1898, à Béthines où ils s'étaient installés récemment. Il avait 58 ans.

Madeleine, veuve, rejoint Mérigny chez son fils Jean Joseph. Lui est jeune marié et n'a pas encore d'enfant. Ensuite, elle est allée vivre à Ingrandes, chez sa fille Félicie, déjà mariée et mère de 4 enfants. Puis, elle est retournée à Béthines (Vienne), au village de Pré (recensement 1901). L'avantage des mariages, c'est qu'ils tracent les lieux de vie des contractants et de leurs parents. Donc j'ai cherché où vivaient les enfants de Madeleine, y compris avec les recensements, pour vérifier si Madeleine était chez l'un ou l'autre.

En 1906, elle est recensée à Béthines, avec sa petite fille Elise FOUR (fille de Félicie, décédée en 1903). Ensuite, je la perds de vue...

J'ai cherché à Béthines et Mérigny, aucun décès en vue.
J'ai consulté la table des successions du Bureau du Blanc 1900-1921, en vain.
J'ai consulté également le registre des successions du bureau de Saint-Savin 1894-1917 sans plus de succès.

04 novembre 2025

Famille DADU

En mars 2009, j'ai entrepris de relever de façon systématique tous les individus porteurs du nom DADU dans les registres auxquels j'accédais pour mes recherches. Ce nom n'est pas le plus répandu de tous, et je me disais que le tour pourrait en être vite fait... bon... c'est vrai qu'on n'en croise pas tous les jours des DADU, mais moi, dans mes recherches, j'en ai croisés un paquet !

Alors je vous avoue que parfois, je les trouve par hasard, au détour d'une table décennale, et puis d'autres fois, je m'en vais les chercher dans leur nid... C'est plus fastidieux de faire un relevé méticuleux, mais plus efficace aussi. J'essaie depuis 2009 de consigner aussi scrupuleusement les registres ouverts et déjà vérifiés, pour m'éviter d'y retourner, mais souvent j'oublie que j'ai vérifié l'absence de tout porteur du nom DADU, et je ne note pas la référence du registre, alors je suis bonne pour y retourner voir. Tant pis pour moi. Je ne suis plus à un registre près vous me direz, mais ça en fait une certaine quantité à retourner vérifier !

Le nom, c'est le mien. J'emprunte celui de mon mari pour l'usage, mais je suis née DADU. 

Je suis généalogiste depuis 30 ans, en pensant que seule ma famille s'appelait DADU, enfin ma famille au sens de mes grands-parents et des descendants de leurs grands-parents, donc pas si large... Mais j'ai pu constater que, même si le nom n'est pas très répandu, il existe depuis plusieurs siècles et qu'il est très géo-localisé. Alors j'ai fini par créer cette base, qui exite et vit depuis plus de 16 ans maintenant. 

Au fil de l'approvisionnement de cette base, je suis sortie du Poitou, bassin des DADU. J'ai pu me rendre compte qu'il y avait un autre bassin, dans le Berry. Mince ! Je voudrais trouver quel DADU a quitté son terroir pour aller faire souche ailleurs. Mais il était poitevin ? ou berrichon ? Si les traces n'arrivent pas jusqu'à moi, je risque de ne jamais le savoir ! Mais ça ne m'empêchera pas de continuer à relever tous ces noms et tous ces liens pour en savoir davantage.

DADU a beau être mon nom, tous les DADU ne sont pas mes cousins ni mes ancêtres. Mais si un jour un généalogiste trouve ses réponses dans la base, peut-être qu'il pourra faciliter ses recherches, et établir une nouvelle parenté. Si mon loisir peut servir à celui d'un autre. Alors je n'aurais pas fait ça que pour moi.

Dans cette base, on trouvera bien évidemment des individus qui ne portent pas le nom DADU, il y a 640 noms différents enregistrés, ce qui représente la moitié de la base. Ce n'est pas très étonnant puisque je consigne également les proches, même si je n'enregistre pas la totalité des informations que je trouve. Par exemple, je ne vais retenir la date complète de naissance d'un individu s'il ne s'appelle pas DADU, juste ce qu'il faut pour comprendre l'époque et le lieu concernés et donc situer le DADU le plus proche.


Mes sources sont essentiellement en ligne. Je compulse tout ce que je peux trouver, en matière de recensement et d'état civil, de fiches matricules, mais aussi de bases comme celles des décès (Insee), la base Léonore Légion d'honneur, les guillotinés de la Révolution française, les médaillés de Sainte-Hélène, les avis des décès de la presse régionale, etc. Toutes les soures (ou presque toutes !) figurent dans la chronique familiale liée à la base, rangées par département.

Evidemment, j'ai créé l'engrenage pour y mettre le doigt, mais ce n'est même pas le seul ! Qui a dit qu'attraper jeune le virus de la généalogie était un avantage !? hi hi !

03 novembre 2025

Roger CONFOLENT, le survivant

Roger CONFOLENT est né à Tournon-Saint-Pierre en 1889. Ce village est le plus au sud du département d'Indre-et-Loire. Il est l'aîné de sa fratrie. Ses parents sont cultivateurs. 

A 20 ans, Roger s'engage dans une carrière militaire. D'abord à la mairie de Tours, au titre du 8e régiment de Cuirassiers pendant quelques années, puis fourrier (= sous-officier chargé du cantonnement des troupes, des distributions de vivres), il intégra ensuite l'école de cavalerie de Saumur (Maine-et-Loire). Mobilisé pendant la Grande guerre, il fut blessé à plusieurs reprises, essuya un bombardement, fut enterré par un obus, mais s'en dégagea. Sa fiche militaire témoigne d'une bravoure incroyable. Il reçu la Croix de Guerre en 1918 et fut promu chevalier de la Légion d'honneur en 1920.

A l'été 1920, il épouse Maria, la fille d'un géomètre de Maillé, qui est aussi le maire du village. Le jeune marié a 31 ans, l'épousée en a 22. Ils s'installent à Maillé, où ils ont 8 enfants entre 1921 et 1934. Le dernier né n'a vécu qu'un mois. A 36 ans, Roger demande sa retraite militaire. Il est alors agent d'affaires. Deux domestiques aident Maria à la maison, les soeurs GARNIER, de Pouligny (Indre-et-Loire). Il sera ensuite marchand de biens, puis géomètre, comme son beau-père.

Cette histoire n'est pas très originale. Un couple sans histoire et leurs enfants.

La Famille CONFOLENT en 1939. 
Crédit photo : La Maison du Souvenir

En février 1935, le père de Maria décède. La veuve rejoint donc la famille CONFOLENT. C'est aussi à cette période que la mère de Roger les a rejoints. Ils vivent tous sous le même toit, avec les deux bonnes (les soeurs GARNIER).

En août 1939, Roger est rappelé par l'armée, puis affecté au dépôt de Cavalerie, mais rayé des cadres puisque père de 7 enfants. Il est officiellement rennvoyé dans ses foyers en février 1940.

La guerre s'est invitée en Touraine, qui est traversée par la ligne de démarcation. La Résistance est active et je ne pense pas que Roger CONFOLENT en faisait partie. 

Le 25 août 1945, des Allemands ont entouré le village et ont tout mis en oeuvre pour éradiquer sa population. La famille CONFOLENT était à Maillé ce matin-là, au complet. Les parents - Roger, 55 ans, 46 ans. Les enfants : Pierre, 22 ans, Jehanne, 20 ans, Yves, 19 ans, René, 17 ans, Hélène, 14 ans, Jean, 12 ans et Claude, 11 ans. Les deux bonnes, Valentine et Georgette GARNIER. La grand-mère, Marie BERTRAND (mère de Maria GAMBIER). Le témoignage de Roger a été publié, il a raconté ce qu'ils ont vécu. Ce qui suit, bien qu'allégé par rapport au témoignage, pourrait choquer les plus sensibles. Vous pouvez passer les 4 prochains paragraphes.

Les coups de feu entendus le matin ont guidé Roger. Il a regroupé sa famille. Il ne manque que Pierre, l'aîné, qui est parti travailler dans le village. Vers 11h, René a dit avoir entendu le bruits des bottes. Jehanne est descendue à la cave avec les deux plus jeunes frères, Jean et Claude. Des Allemands arrivent rapidement dans la cour, et tirent. Roger va au-devant d'eux et leur parle en allemand. Les mitraillettes n'en tiennent pas compte. Il esquive une nouvelle rafale en se jetant en arrière. Yves, pensant qu'ils n'ont pas entendu, reprend les mots de son père, mais n'a pas sa chance. Il s'écroule le premier. 

Un Allemand entre dans la maison, par la cuisine où la famille est réunie, il tire en rafale. René est tué et Hélène blessée. Roger dit aux autres de tomber et de feindre la mort, ce qu'ils font, et l'Allemand s'en va.

Après ce terrible instant, Maria, la mère, indemne, emmène le corps de sa fille dans la chambre à côté. Les deux bonnes, qui s'étaient calées dans un coin, n'ont pas été touchées. Elles se réfugient dans l'escalier qui mène à l'étage. Maria et Hélène les suivent, mais un autre Allemand surgit et tire, Hélène n'est plus. Sa mère est blessée. Il jette une grande incendiaire dans la chambre et mitraille dans la cuisine ceux qui sont à terre. Roger n'est pas touché.
La grand-mère aussi a été tuée. L'incendie de la chambre prend de l'ampleur. Les Allemands sont toujours dans la cour. Roger rejoint sa femme dans la chambre, mais la trouve agonisante. Les soeurs GARNIER les rejoignent à leur tour, Valentine est blessée. Elle a pris une balle quand elle a voulu voir si les occupants de la cave allaient bien, mais un tireur qui l'avait suivie a tiré à travers la porte. Elle s'était laissée tombée sur Jehanne, et est passée pour morte. Ils restent ainsi dans la chambre jusqu'à 14h. Maria a succombé. De la pièce, ils entendent ce qui se passe dehors. Les cris de la voisine, arrêtés par un tir. Les allées et venues des Allemands. Dehors mais aussi dans la maison. Ils ont mangé et bu ce qu'ils y ont trouvé.

Quand Roger CONFOLENT est sorti, il s'est inquiété de son aîné, Pierre, espérant qu'il a survécu à l'horreur. Mais il le trouve rapidement étendu dans la cour, avec des traces de lutte. Ensuite, il a sorti chacun de ses proches, et a placé les corps dans le jardin.

Roger CONFOLENT a perdu toute sa famille ce jour-là : son épouse, leurs 7 enfants et sa belle-mère. Sa maison d'habitation et une partie des dépendances ont été détruites. Le pignon des servitudes de sa maison a reçu un obus.

Mais la vie continue. En 1946, Roger a 57 ans, il est apiculteur, et vit toujours à Maillé, avec les deux bonnes GARNIER, et un domestique polonais. Il vivra là jusqu'à son décès. Il fut Président du Comité des Sinistrés et contribua à la reconstruction, tant des humains que du village. Une dalle commémorative est placée dans le square du village, issue d'une souscription lancée par Roger. 

Il a également co-écrit le livre "Maillé, crime hitlérien" avec Louis DUPLESSIS (maire de Maillé) l'abbé PAYON (curé de la paroisse).

Cet homme, qui a survécu à la Grande guerre, puis a fondé sa famille avait tout pour couler tranquillement des jours heureux. Mais la route d'un groupe d'Allemands a croisé sa route et a tout anéanti. Pourtant, lui, n'a pas baissé les bras.

Roger CONFOLENT est décédé en avril 1960, à Maillé.

Tous les membres de sa famille massacrés à Maillé le 25 août 1944 ont reçu la mention Mort pour la France.

Lien vers le projet Maillé 1944

Lien vers le site de la Maison du Souvenir

Sources : 

Archives départementes d'Indre-et-Loire - fiche matricule militaire et état civil
Maillé Martyr - abbé PAYON - 1945 - Récit du massacre du 25 août 1944

02 novembre 2025

La veuve BESNARD


Selon l'adage, on ne choisit pas sa famille. En matière de généalogie, on la cherche et on finit par trouver des cousins. Jusque là, je n'innove pas. 

Cette année, j'ai pu vérifier un lien de parenté entre mon mari et ... Marie DAVAILLAUD. Plus connue sous le nom de Marie BESNARD, du nom de son dernier époux. La bonne dame de Loudun, ou l'empoisonneuse, elle a eu plusieurs surnoms. Et pourtant, quand on s'intéresse à son histoire, on se rend compte qu'après 3 procès, et être passée à ça de la guillotine, elle a été acquittée.

Marie DAVAILLAUD, veuve BESNARD, 1962.
Crédit photo : La Nouvelle République

Marie est née en 1896 dans le Poitou, de parents cultivateurs. Elle grandit auprès d'eux, à Saint-Pierre-de-Maillé et les aide à la ferme. Puis vint son cousin, Auguste ANTIGNY, ils ont les mêmes grands-parents. Il n'a pas d'argent, il est malade (sa fiche matricule indique en 1909 qu'il est atteint de tuberculose pulmonaire). Il ne sera pas mobilisé pour cette raison. Juste après la guerre, en 1920, ils se marient. Il vient habiter avec eux. Après 4 ans de mariage, sa santé se dégrade. Auguste laissera Marie veuve à 31 ans, en 1927. Elle sombre dans un état dépressif. 

Marie rencontre ensuite Léon BESNARD, marchand de cordes à Loudun. Après quelques temps, ils se marient, en janvier 1929. Elle s'installe à Loudun. Le père du marié n'approuve pas l'union mais il ne s'entendait déjà pas avec son fils avant son mariage, donc ça n'arrange rien. La soeur de l'époux avait aussi de la haine pour son frère. Donc Marie arrive en ville (5000 habitants à l'époque) dans un contexte qui n'est pas facile. En outre, on parle de la famille BESNARD. La situation du couple fait envie, il est réputé fortuné. Les BESNARD père et fils en viennent parfois aux mains. Leurs disputes font parler les commères locales. 

Dans les années 1930-1940, le couple perd des proches. Une grand-tante de Léon meurt en août 1938, à 86 ans, mais avait déshérité Léon influencée par la soeur. Un ami proche de Léon meurt de la tuberculose en juillet 1939, Toussaint RIVET. Marie était devenue très amie avec son épouse. En mai 1940, le père de Marie meurt d'une congestion cérébrale. Marie est fille unique. Elle hérite donc de son père, en indivision avec sa mère de la ferme des parents et de terres. Elle recueille sa mère à Loudun. En septembre 1940, Léon perd sa grand-mère, morte à 92 ans, puis en novembre il perd son père, mort à 58 ans. Les ragots vont bon train. 58 ans, ce n'est pas vieux, on dit même qu'il a eu des problèmes gastriques après avoir mangé des champignons. 3 mois plus tard, c'est la mère de Léon qui décède, à 69 ans, d'une congestion pulmonaire double. La soeur de Léon refuse que Marie hérite de quoi que ce soit de la famille BESNARD. Lucie est retrouvée suicidée par pendaison deux mois après le décès de sa mère. Les rumeurs prennent de l'ampleur. Fin 1941, Léon et Marie achètent la maison de la veuve RIVET en rente viagère. Mais celle-ci meurt avant le 1er versement. Son testament, rédigé en décembre 1940, fait de Marie sa légataire universelle. Ensuite, aucun décès à relater pendant 3,5 ans. En juillet 1945, à 8 jours d'écart, ce sont deux cousines de Marie qui trépassent, à 88 et 83 ans. C'est donc 10 morts autour du couple en 7 ans. 

A Loudun, on parle de Marie. Elle est très dévote, va souvent au cimetière pour honorer les disparus de sa famille et va à tous les offices.   

A l'automne 1947, le couple est allé avec un ami dans la ferme de Marie à Saint-Pierre-de-Maillé. Ils partagent un repas avant de partir, c'est elle qui a cuisiné. On sait même le menu. Dans la soirée, ils ne se sentent pas bien. Marie et l'ami s'en remettent, mais Léon reste malade plusieurs jours puis décède d'urémie. Après les obsèques, la factrice raconte à des amis (les frères MASSIP) que son ami Léon lui aurait confié que sa femme aurait tenté de l'empoisonner. Un des amis écrit au Procureur de la République de Poitiers. Un enquête discrète est menée mais ne donne rien. L'affaire est classée sans suite. Mais c'est sans compter la rumeur qui se propage à Loudun.

Un an plus tard, le château où habitent les frères MASSIP subit un incendie. La rumeur dit que c'est Marie qui se venge de la lettre de dénonciation. On découvrira que les incendiaires étaient des gamins qui jouaient avec des alumettes.

En janvier 1949, une épidémie de grippe emporte la mère de Marie, à 86 ans. Auguste MASSIP reste persuadé que Marie est liée à l'incendie et trouve suspect que sa mère soit morte. C'est peut-être une sorcière ! Il prévient la police, qui compte parmi ses rangs des enquêteurs et un jeune juge d'instruction, qui sont tous très ambitieux pour leur carrière. Auguste MASSIP leur donne la liste de 12 décès qui ont touché des proches de la famille de Marie. Selon lui, ils ont tous profité à la veuve (legs ou héritages). Peu de temps après, c'est au tour de la factrice, Louise PINTOU, qui loue la maison de la pendue, de subir un cambriolage. Lors de l'enquête, elle parle des confidences de Léon BESNARD. Le jeune juge (25 ans) demande l'exhumation de son corps, qui a lieu en mai 1949. Interrogée en juillet, Marie répète que son mari n'est pas mort d'empoisonnement. Mais les tests qui ont été fait sur la dépouille ont révélé la présence d'arsenic, à une dose anormale. Donc l'empoisonnement n'est pas rejeté. Elle est accusée d'en être à l'origine. Elle est arrêtée et emprisonnée à Poitiers le 21 juillet 1949. Ses 2 avocats demandent une contre-expertise, qui est refusée. Les 11 autres corps des proches de Marie sont exhumés, et testés, y compris ceux de son 1er mari mort depuis 22 ans. Fin octobre 1949, il est établi la présence élevée d'arsenic dans 11 des 12 cadavres testés, alors que les cercueils et la terre où ils étaient déposés n'en renferment pas. Marie, qui n'en croit pas ses yeux, est maintenant accusée d'avoir volontairement tué 11 personnes ! 10 parents et 1 amie.

Dès lors, Marie subit une expertise psychiatrique qui dure 3 ans. 2 autres avocats agrandissent l'équipe chargée de sa défense, dont une femme. Le procès a lieu à Poitiers en février 1952. On accuse Marie d'abord d'avoir encaissé un mandat postal destiné à sa tante. On écoute ensuite 80 témoins à charge. Arrive ensuite l'expert chargé de l'analyse des 11 corps, qui s'embrouille dans ses explications et qui révèle qu'il y a eu un problème avec les bocaux de conservation des prélèvements, des inexactitudes dans ses comptes-rendus et anomalies dans le rapport final. Il perd toute crédibilité et sa carrière est finie. Les avocats de Marie ont fait expertiser la terre du cimetière de Loudun, et des traces d'arsenic y ont été trouvées. Ils demande une contre-expertise des corps. Une seconde exhumation a lieu en mars 1952. En attendant, la veuve est toujours en prison. 

Cette fois, les experts viennent de Paris. On teste les restes cadévériques, des bouts de cercueils, des fibres de vêtements et de la terre. Le second procès a lieu en mars 1954, à Bordeaux, pendant deux semaines. Il ne reste que 6 personnes pour lesquelles la mort est suspecte. On entend de nouveau la factrice, les frères MASSIP et d'autres témoins, puis les experts parisiens. Ils concluent bien à la présence élevée d'arsenic, mais s'interrogent sur sa provenance. La mère de Marie BESNARD aurait dû ingérer 18g de poison, ce qui paraît énorme. Un scientifique indique que certains microbes du sol pourraient favoriser l'absorption d'arsenic par des corps. Un autre rappelle que le zinc présent dans les cimetières contient de l'arsenic. On apprend également que le gardien du cimetière cultive des pommes de terre et des céréales. Et quoi de mieux que l'arséniate de chaux pour combattre les doryphores ? Enfin, un dernier expert parisien indique que l'arsenic est soluble et peu être véhiculé dans le cimetière par les eaux de ruissellement, et se fixer sur certains restes humains. Devant toutes ces contradictions, la cour demande de nouvelles expertises. Marie est remise en liberté provisoire en avril 1954 et retourne à Loudun le mois suivant.

Une nouvelle équipe d'experts est constituée en 1955. Elle travaille pendant 6 ans. Le 3è procès a lieux en novembre 1961 à Bordeaux. Pour la 3è fois, Marie est accusée d'avoir empoisonné ses proches, et pour la 3è fois elle proteste et clame son innocence. Et c'est au tour des experts d'informer la cour de leurs démarches et conclusions. Ils ne sont pas d'accord. Les tests à l'arsenic ne révèlent pas les mêmes quantités ; la terre du cimetière de Loudun n'a pas la même composition ; des erreurs d'unité et de virgule finissent par semer le doute dans la Cour d'assises. Finalement, il ne reste plus que les ragots de Loudun dans le dossier. Est-ce que Marie est coupable de la mort des 11 proches ? Non, elle est acquittée.

Cette affaire a été fortement médiatisée, donc on retient surtout que cette femme a empoisonné. Pourtant, cette histoire est née d'une rumeur qui a accusé une femme d'être une tueuse en série, mais la science n'a pas su le prouver. Et chaque affaire d'empoisonnement par une femme donne lieu à des titres faisant appel à la mémoire collective du genre "la nouvelle Marie BESNARD" ou "la Marie BESNARD de "...  Ami lecteur, rappelle-toi que rien n'a prouvé la culpabilité de Marie BESNARD.

Marie BESNARD a tout perdu, ses proches, ses biens et sa liberté. Elle n'a touché aucune indemnité, aucun dédommagement, ni des diffamateurs, ni de l'État.

Elle publie ses mémoires en 1962.

Elle est décédée à Loudun en 1980, d'un cancer des os. Elle a refusé l'inhumation et a fait dont de son corps à la science.

Concernant mon mari, il partage un couple d'ancêtres avec Marie BESNARD, mais ce couple a vécu au début du XVIIIe siècle (10 générations avant lui, 8 générations avant elle).

Souces : 
L’affaire Marie Besnard : une querelled’experts qui s’achève par un acquittement Anger et Goullé 2006 
Marie Besnard, Le triomphe de l'innocence d'après le livre éponyme de son avocate 


01 novembre 2025

François AUDEVARD, le 1er nom de la liste


Au printemps 2020, j'ai proposé à mon ancien employeur (Geneanet) de créer et de contribuer à un projet collaboratif autour du Massacre de Maillé. 

Le jour de la libération de Paris, le 25 août 1944, Maillé, un village de Touraine, a subi l'assaut d'Allemands qui l'ont encerclé et qui ont méthodiquement tué tout ce qu'ils ont croisé : des enfants, des adultes, des vieillards, des animaux domestiques, du bétail... Ils ont incendié les bâtiments et certains corps. Le massacre de Maillé n'est pas aussi connu que celui d'Oradour-sur-Glane, mais il est le 2è massacre le plus meurtrier en France. Les autorités ont choisi de reconstruire le village. Celui d'Oradour est resté intact, mais celui de Maillé a été repensé et modernisé. Il ne reste plus aucun stigmate. Pourtant 124 personnes, de 3 mois à 89 ans, y sont mortes dans d'horribles circonstances. 

L'idée de ce projet n'était pas de se limiter à la recherche des ancêtres de ces morts, mais bien d'essayer d'établir la liste des personnes présentes, ou absentes, qui ont été touchées de proche ou de loin par cette tragédie. Certaines étaient là de passage. D'autres s'y étaient réfugiées pour fuir des bombardements par exemple. D'autres encore étaient ailleurs et sont rentrées après le drame, découvrant qu'elles avaient tout perdu, y compris leur famille.

La reconstruction du village puis l'absence de témoignages a rendu ce fait historique invisible. Depuis les années 2000, des efforts ont été faits pour raviver la mémoire, recueillir des témoignages et permettre à tous d'y avoir accès. 

Dans la liste alphabétique des 124 victimes du massacre, relue à haute voix chaque 25 août lors de la commémoration locale, le 1er nom est celui de François AUDEVARD.


François AUDEVARD.
Crédit photo : La Maison du Souvenir

Cet homme natif de la Haute-Vienne était marié avec une fille de Maillé depuis 1925. Ensemble, ils ont eu 3 enfants : France en 1926, Jeannine en 1930 et Jean en 1934. La famille a habité Maillé, puis Nouâtre, la commune voisine. 

Le matin du 25 août 1944, François a entendu des coups de feu et s'est inquiété pour sa fille ainée, France, 18 ans, partie travailler à Maillé. Il alla pour la chercher. Selon les différents témoignages, il fut autorisé par les Allemands à entrer dans Maillé. Il y rencontra le sabotier, René DAUMAIN, lui conseilla de rentrer chez lui. François resta à la saboterie, où il fut tué. 

Par chance, France AUDEVARD ne fut pas touchée par les tirs qui l'ont visée et elle survécut à cette terrible journée, ainsi que le reste de sa famille. René DAUMAIN a écouté le conseil de François AUDEVARD : il est rentré chez lui, où il ne fut pas tué. Sur sa route, il croisa la famille ARNAULT et leur dit de rentrer chez eux. Ils ne furent pas tués.

François AUDEVARD avait 41 ans et n'a eu pour seul tort que d'avoir peur pour sa fille.

Pour reconstituer son arbre familial, j'ai interrogé les sites des archives départementales (Haute-Vienne et Indre-et-Loire) pour consulter les registres d'état civil et des recensements. L'Association pour le Souvenir de Maillé a aussi apporté son aide. Une généalogiste bénévole est allée à Caen pour consulter les archives du Service Historique de la Défense et une autre est allée aux Archives d'Indre-et-Loire pour consulter le Fichier des personnes massacrées, procès-verbaux de gendarmerie, correspondance. (AD 37 cote 66W2).

François AUDEVARD fut inhumé le 27 août 1944 dans la fosse commune de Maillé, puis dans une sépulture individuelle à Nouâtre. Il obtint la mention Mort pour la France. 

A Maillé, vous pouvez visiter la Maison du Souvenir qui est consacrée à cette journée, ainsi qu'à la reconstruction du village.

Sur le site du projet, vous y trouverez des bouts d'histoires individuelles. Et si vous avez envie de contribuer (écriture de notices individuelles ou recherches), vous pouvez vous signaler.

Lien vers le projet Maillé 1944

Lien vers le site de la Maison du Souvenir